La circulaire n°6483-SG du 23 avril 2025, signée par le Premier ministre, fixe des orientations strictes pour la gestion de la masse salariale de l’État et des mesures catégorielles en 2025.
Et cette circulaire est passée relativement inaperçue… mais dont le contenu mérite le coup d’oeil quand même ! Sous couvert de « bonnes pratiques de gestion », c’est en réalité un cadre contraint qui s’impose aux ministères pour l’usage de leurs marges de manœuvre salariales. Et ça ne sent pas bon pour le pouvoir d’achat des agents publics.
Premier point d’alerte : la sacro-sainte « trajectoire de redressement des finances publiques » devient le filtre obligatoire pour toute mesure catégorielle. Comprendre : même les revalorisations ciblées (pour des filières en tension ou sous-attractives) devront s’inscrire dans une logique de restriction budgétaire. Fini la souplesse, bonjour les plafonds rigides.
Deuxième point : l’État ne veut plus entendre parler de revalorisations isolées, même légitimes, sans passer par un accord interministériel préalable. Cela revient à retirer aux ministères toute capacité d’initiative réelle, sauf à quémander l’aval de Bercy et de la DGAFP. Traduction : c’est la recentralisation technocratique qui prime sur la reconnaissance du travail des agents.
Troisième point : le discours sur la « simplification » du cadre statutaire et indemnitaire. Derrière les grands mots se cache un vieux fantasme : fusionner les corps, écraser les grilles, supprimer les primes spécifiques… pour lisser les situations, quitte à gommer les spécificités. Le risque ? Perdre en reconnaissance ce que certains métiers avaient conquis de haute lutte.
Enfin, cette circulaire impose un verrou méthodologique : pas d’engagement, pas d’annonce ministérielle, même en cours de négociation, sans l’aval du « guichet unique ». Cela signifie que les discussions avec les syndicats risquent de devenir des coquilles vides, puisque les marges sont verrouillées avant même que le dialogue commence.
Autrement dit, c’est une vision purement comptable qui s’impose, avec pour toile de fond une obsession du « pilotage » et de la « maîtrise ». Le mot « équité » est cité, mais uniquement dans le cadre d’une harmonisation descendante. Il nous revient donc, syndicalement, d’exiger que les mesures salariales ne soient pas réduites à une ligne d’ajustement budgétaire, mais restent d’abord une reconnaissance du travail, de l’engagement et des responsabilités des agents publics.